l'anti-poison
Cela fesait déjà plusieurs jours que j'avais rencontré ces mineurs. Au début, je n'avais pas vraiment pris leur discours au serieux : demander de la bière alors que l'un de leurs amis était souffrant, c'est tout de même étrange. Pourtant , j'ai cédé à leur requête. Pourquoi? Je n'en sais rien. Probablement l'intuition, ou tout simplement l'envie de trinquer avec eux.
Toujours est-il que je leur ai ramené leurs bières et qu'il m'ont confié la mission de sauver leur ami.
Un anti-poison!! Où trouver un anti-poison. Je me suis renseigné un peu partout. Certains voulaient me vendre à prix d'or des potions frelatées faites par je ne sais quel alchimiste débutant. D'autres me conseillaient d'en acheter à l'énemi.
Moi, Pelforth des Entre Brumes, faire affaire avec les monarchistes !!
Je cherchais donc un alchimiste digne de ce nom qui serait à même de m'aider... et j'ai contacté Yakushi, la plus grande moniale d'Alidhan.
Rendez-vous était pris dans un endroit secret, à l'abri des regards et des épées. Un peu ému, j'étais encore à me demander si c'était possible qu'elle veuille bien m'aider.
Elle m'avait demandé d'amener tous les ingrédients. Je refesais mentalement l'inventaire de mon sac de peur qu'il manque quelquechose pour la cinquième fois quand je l'apperçue.
Sa sombre silhouette dégageait tant de force et de noblesse que je marquais un temps d'arrêt. Mais aussitôt je ressenti grande douceur, mélée de mélancolie. J'étais comme assailli par mes propres émotions. Moi qui avait appris pendant des années à les cacher et les contrôler, je me sentais comme un petit enfant, désarmé.
Par un sourire, elle m'invita à approcher. Toujours perdu dans un flot d'émotion, je vidais maladroitement le contenu de mon sac, ratrappant de justesse plusieurs fioles vides.
Puis j'entendis sa voix. Douce, posée, appaisante. Tout allait bien.
Elle me dit de faire le guet pendant qu'elle préparait ses potions.
Je commençais à peine à explorer les environs quand j'entendis de nouveau sa voix. Mais cette fois ci très différente: puissante, autoritaire, presque terrifiante.
Je m'eloignais un peu, posais des pièges, cherchais toutes les voies d'accés possible. Je me rassurais peu à peu en fesant ces gestes des milliers de fois répétés.
Puis soudain plus rien. Plus un bruit. Mais vraiment plus un bruit du tout, comme si les animaux, les arbres, le vent même s'étaient arrêtés en même temps que l'incantation.
Je revins auprès d'elle. Elle était encore un peu plus pâle, peutêtre encore un peu plus triste aussi, mais elle me souriait toujours.
Voilà ta potion mon ami...
Ce furent ses seules et uniques paroles. Je pris le flacon de ses mains délicates en la remerciant. Les mots me manquaient, c'est certainement qu'ils auraient été de trop. Je lui sourit à mon tour d'un sourire gêné et m'éloigna en direction de la mine.
J'avais une vie à sauver, s'il n'était pas trop tard. Peutêtre cela me permettra-t-il de chasser ce trouble qui est en moi...