Page d'ombre

Musique

Ce matin la brume était particulièrement lourde. Il était encore très tôt, et le soleil montrait à peine le bout de son nez, le silence raignait au campement. Tout le monde semblait dormir, plus ou moins à leur place...
Les premiers rayons ne perçaient pas l'épaisse brume qui les entourait, donnant l'impression que le temps s'était arrêté...
C'était bien à cela que pensait Niniel... Elle était allongée dans l'herbe humide du petit matin, proche de la nature comme sa condition d'elfe le désirait. Elle avait passé la nuit ici mais il lui semblait qu'il s'était passé une éternité depuis la veille... trop de choses se bousculaient dans son esprit.

C'était une elfe et elle en avait croisé si peu sur les terres de Cyrosh... Un trou noir tenait place dans sa mémoire... D'où venait-elle ? Qui était-elle ? Elle n'en savait rien... Elle avait refoulé ces questions dans un premiers temps, mais plus le temps passait, plus la guerre l'éreintait et plus elles venaient la torturer...

Niniel était arrivé à Cyrosh il y a déjà quelques temps, se reveillant dans ses plaines sans aucun souvenir de son passé... Elle avait été traité comme une fille du pays, adopté par un vieux sage qui lui avait appris a magner la magie et à survivre dans ce monde déchiré... Elle avait jurer de défendre la cause de Zelandra au péril de sa vie en remerciemment de toute la bonté dont avait fait preuves les hommes du Cartel.

Pendant qu'elle se remémorrait son arrivée à Cyrosh et se laissait aller à ses pensées, Niniel s'était levée et s'avançait dans la forêt, hors du campement. Celle-ci devenait de plus en plus épaisse et sombre tandis que le soleil s'avançait dans le ciel azur... bientôt plus aucun rayons ne pénètrent dans l'immensité feuillue. Et le temps ne cessait de ralentir... Depuis combien de temps marchait-elle comme ça ? Une éternité semblait-il. Et ses pensées continuaient de la harceler sans relâche...

Pourquoi les hommes se battaient-ils ? Pourquoi devrait-elle participer à leur combat alors que la nature l'appelait à découvrir toutes ces merveilles ?
Ces questions étaient forts ingenues et naïves mais elle ne saissisait pas la complexité du monde des hommes...
D'autant plus que Niniel était physiquement et morallement abîmée par cette guerre qu'elle ne comprenait pas, elle ne trouvait plus de raisons de suivre ces amis cartellois, elle ressentait le besoin de fuir, de s'éloigner, pas forcément pour toujours mais au moins quelques temps...

Voilà que la fatigue se fit ressentir, de plus en plus pesante au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans la forêt. Elle écoutait les arbres, et peu à peu leurs paroles furent claires... Une irrestible envie de s'allonger au creu de l'un d'eux se fit sentir... Entourée d'ombres et ne percevant plus que les grincements des arbres et le bruissement des feuilles... Ses paupières s'alourdissaient... Niniel sombrait dans le creu de son arbre... Un sommeil pesant l'étreignant... Se confondant avec l'arbre...
Jamais personne ne me retrouvera ici... eut-elle comme dernière pensée... Et voilà qu'il lui semblait que des siècles s'étaient écoulés en quelques secondes de cet incroyable sommeil... Mais plus rien ne pouvait l'en sortir à part son désir...

Qui sait quand elle se réveilla ? Qui sait si elle se réveillera un jour ? Qui sait combien de temps se sera-t-il écoulé et où en sera la guerre ?
Une chose était sûre : ses amis lui manquaient déjà et elle se jura de leur donner des nouvelles par un quelconque moyen.

Page d'ombre Art024hh3

Rono revenait d'une de ses chasses matinales, où l'air est franc et clair, ne portant que les odeurs de rosée aux premiers rayons du soleil...Il savait où ses pas le menaient. Mais il n'aurait su dire pourquoi ce jour là il avait décidé de se rendre à nouveau chez les Brumeux alors qu'il n'en avait pris le chemin depuis si longtemps...

Arrivé à l'aurée de la forêt, sa truffe le sortit de ses pensées, alertée par deux odées. Celle de Big King et une autre, bien plus supportable et subtile, presque transportante...

J'ai beau essayer, j'arriverais jamais à mettre de coté l'instinct avec ce chien...Son odeur suffit à me hérisser le poil !

Rono traversa un bosquet pour se plonger dans les bois, cherchant à suivre la piste de cette étrange sensation qui accompagnait le parfum forestier. Rapidement, la brume s'était invitée, de plus en plus dense et déroutante. Rono avait dû prendre de la hauteur, sautant d'arbre en arbre pour ne pas perdre sa piste. Il lui fallut de longue minutes de voltige, de cabrioles et d'atterissages douteux pour pour se retrouver percher sur l'épaisse branche d'un arbre séculaire.

C'est là ! J'y suis !.......Je suis perché dessus même...Tu parles d'un chasseur...Bon, qu'est ce qu'il a cet arbre ? Et puis, c'est quoi cette odeur au juste ?? Je la connais pourtant...

Rono se laissa tomber au pied du large tronc. Il s'en approcha puis le renifla soigneusement.

Hmmm...Il y a un petit coté d'effleuve d'elfe dans cet arbre, mais le reste, je connais pas...

Lorsque le Félin posa une patte sur l'écorce il lui fallut quelques secondes pour percevoir les battements d'un coeur. Il était suffisement entouré d'elfe dans sa taverne pour savoir ce qui se passait à l'intérieur...Il planta alors ses girffes pour retirer délicatement un bout d'écorce, veillant à tout affolement cardiaque sous sa paume.
Le rythme était resté régulier, il décida donc de mettre plus de hargne et d'efficacité à dépecer le vieil hêtre pourtant si vénérable...

Au bout de quelques belles entailles, Rono releva soudainement la tête...

Big King !!! Il est là ! Et il est même tout proche !!
Son maitre doit pas traîner loin alors !!!

Musique

Niniel était toujours plongée dans un immense silence, celui de cette immense et dense forêt où la vie se résumait à ses arbres...
Son esprit se reposait mais cela ne l'empêchait de ressentir et d'entendre ce qui se passait autour...
Mais jusqu'à maintenant rien ne l'avait perturbée, ni même avait attiré son attention.

Mais en ce jour des bruits étranges se firent entendre, des crissements, des bruits aigus... mais surtout elle ressentit une douleur, enfin cela ne venait pas d'elle... c'était bien l'arbre qu'elle entendait souffrir...c'était insoutenable, une telle douleur... et elle se sentait étouffer par l'arbre... L'envie de partir l'empara... Mais l'arbre la retenait plus fort encore : son emprise sur elle augmentait à chaque crissement...
Des cris étouffés sortaient de ses entrailles Aldar atalantë. Rannim... Rien ne semblait pouvoir arrêter cette lente agonie...

Puis tout s'arrêta d'un coup... et cette envie subite disparue en même temps...

Le molosse à la robe contrastée n'était en effet pas venu seul, et même si sa présence contrariait quelque peu le Félin, ce dernier pouvait désormais compter sur deux renforts de choix...
En effet, Pépé la Main Froide et Crush n'avaient tardé à rejoindre Big King auprès du grand arbre.

Rono eu bien du mal à s'expliquer clairement, ne maitrisant que très peu l'évenement, suivant surtout son instinct , faute de réelles connaissances...Tout en s'expliquant maladroitement, il avait continué son travail de forçat jusqu'à extirper un bout d'étoffe blanche de la racine sur laquelle il était assis, qu'il pu brandir aux yeux de l'archer et du guerrier.

Ce petit bout de tissu fut plus convainquant que tout les mots du Chat, qui ne tarda pas à entendre avec soulagement le son clair de Jarl rencontrant le tronc avec toute la force dont peuvent faire preuve les barbares du Nord...

*SSHHTTTOONNNKK*
*SSHHTTOONNKKK*

La lame d'acier ,mille fois martelée pour donner cette duretée et solidité necessaire pour pourfendre l'ennemi, se plantait régulièrement dans le végétal millenaire.

Puis ,d'un coup, Rono se retourne et saisi son arme.
La hache de Crush s'élève puis part vers l'arbre pour enfin devier sa course et s'envoler vers les brousailles

*FFFOUFFOUFOUFFOU*
*PPLLLOOMMBB*

AARRGGGG!!!!!!

Citation :: Titre: Attaque sur Maldoror

Détail: Vous frappez Maldoror avec Cri de rage.
Vous lui infligez 1728 points de dommage.
Le joueur meurt
Gain de 240 points d'xp
Gain d'honneur

Un roya qui passait par là goute le baisé de Jarl dans un bain de sang.
Crush se dirige vers son arme ,qu'il recupère dans le torse du guerrier.
De l'autre main, il saisi la cheveulure de la victime et...

*CCLLIIINNNGGGGGG*

La tête vole et se retrouve dans le sac du viking.

Avec un sourire en coin il retourne à sa besogne .
Rono avait déjà rangé son arme et Pépé toujours dans ses pensées n'avait même pas escquisé le moindre geste.

Peu à peu le corps de l'elfe apparait aux yeux curieux et inquiets des trois Cartelois

Pelforth restait un peu ébahit de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Le cri de surprise et d'agonie l'avait ramené à la réalité, mais il n'avait toujours pas esquissé le moindre geste.
Après tout Crush semblait bien se débrouiller tout seul...pas besoin de se fatiguer inutilement
Il se demandait surtout comment pouvoir aider l'être qui semblait prisonnier de l'arbre. Découper l'arbre était une chose, rendre vie humaine à cette sculture en bois en était une autre...

La douleur revint d'un coup, soudainement... l'arbre souffrait...
Mais cette fois, c'était différent.

Cette fois-ci, les bruits étaient sourds, réguliers, supportables... la douleur s'en ressentait... elle se sentait respirer, l'arbre ne resserait pas son étreinte, au contraire !
Niniel avait l'impression de lui échapper, elle était légère, elle se sentait partir... de douces images venaient à elle, de beaux rêves la berçaient, elle planait...

L'arbre et elle n'était plus une seule entité. Elle était désormais seule avec elle-même, elle avait retrouvé ses pensées et quittée le quasi vide sonore et visuelle qu'elle avait trouvé dans l'arbre.

Elle y était bien, mais quelque chose semblait l'en avoir arraché.
Elle y serait rester surement encore longtemps, mais ce choix ne lui avait, semble-t-il, pas été laissé.
Sa volonté ne changeait pas, elle ne s'éveillerait, sa lassitude n'avait pas changé, sa fatigue était la même mais son sommeil profond et calme était devenu un sommeil planant, elle était comme une droguée.

Elle était allongée au pied de l'arbre, parressant morte par sa pâleur...

Tout à coup, Pelforth sorti de ses réflexions en voyant que le Viking avait terminé son travail.
Le corps d'une jeune femme, une elfe sans aucun doute, étrangement végétale, était apparu sous les coups de hache.
Maintenant elle était là, allongée au milieu des copeaux, au pied de ce qu'il y avait encore quelques minutes était un arbre.

Pelforth s'approcha et reconnu Niniel. Ou plutôt l'ombre, la silouette de celle-ci. Elle semblait livide, froide et raide. Mais pas sans vie.
En chasseur qu'il était, il savait cela. Il était capable de sentir le souffle de vie de n'importe quel animal. Mais cette fois ci ce qu'il ressentait le dépassait.

Elle n'est pas morte. Cela y ressemble beaucoup, mais elle n'est pas morte. C'est comme si son souffle de vie était devenu... végétal.

Il était deboussolé. Ne sachant pas quoi faire, il se tourna lentement vers Rono en lui jetant un regard interrogateur.

Au regard de Pépé, le félin n'eut d'autres réponse qu'un long silence marqué d'une respiration courte, synonyme de profonde détresse...Il avait beau cotoyer les elfes depuis longtemps, il se savait bien loin de pouvoir cerner ce peuple et sa magie. Plus son regard fixait l'être de bois allongée sur le sol, raide, sans signe de vie apparente, et plus Rono avait les épaules basses, l'esprit empli de doutes et de rage melés...Il finit par évacuer ce trop plein par un rugissement qui provoqua un bref instant de silence total dans le bois qui bordait le campement de l'Entre-Brumes.

S'agenouillant près de Niniel, cherchant autant à fuir l'exposition de sa détresse auprès du Baron des Brumeux que le réconfort d'un animal auprès de son environnement naturel...Prostré, le chat ne se rendit pas compte que son instinct reprennait le dessus et qu'il avait commencé à pétrir de ses griffes le bois du ventre de l'elfe. Il retrouvait lui-même le calme et la sérénité qu'on pouvait lire sur le visage la mage.

Pelforth, se laissant attendrir par la scène, esquissa un sourire qui dura quelques secondes, le temps pour l'archer de sentir une bise lui caresser le visage. Le vent se faisait de plus en plus insistant alors que la brume ne se dissipait pas, bien au contraire...Alors que le bruit des branches qui s'agitaient commençait à couvrir celui de la vie de la forêt, Pépé posa sa main sur l'épaule du guerrier pour le sortir de son monde apaisant.

Relevant la tête, Rono fut saisit par la mélodie que composait le bruissement des feuilles dans les arbres alentours, le reste de la forêt ayant conservé sa quiétude matinale. L'harmonie de la danse des feuillages avec le craquement des branches produisait une véritable musique suave et envoûtante...Mais rapidement, la brume se mit à tourbilloner autour du groupe d'amis, ajoutante une forte touche inquiètante à l'ambiance mysèrieuse.

Le greffier ne comprit que trop tard que son bref instant de plénitude en lien avec la nature environnante était à l'origine du phénomène, un flot de feuilles se déversant sur lui et sur l'elfe...Pépé le dégagea d'une main ferme et il observèrent ensemble l'amas de feuilles se décomposer lentement, pendant que le vent tombait et que les arbres dénudés reprennaient leur vie placide.

Le Brumeux et le chat fouillèrent alors le tas de feuilles brunes et jaunes pour découvrir une Niniel de chair et d'os, mais au corps froid dont seul le souffle tiède indiquait qu'elle était en vie. Ils se hâtèrent de la ramener auprès du feu du campement en espèrant la voir reprendre conscience...

Froide comme la glace, pâle comme la neige, les traits reposés, le visage dénué d'expression, placide, plat, presque effrayant. Les paupières closes, le cerveau déconnecté, pas la moindre réaction, même dans le fonctionnement cellulaire. Tout semble arrêté, comme un sommeil trop lourd, un coma profond...
Elle a tout d'une morte, du moins pour un oeil non averti.
Mais en écoutant bien, on distingue un filet d'air qui circule par son nez, assurant son "hibernation". Ses poumons bougent légèrement, mais rien de plus.
Elle est d'une tristesse à regarder...

Et pourtant, l'espoir, la vie l'entour... léger détail, presque imperceptible, mais qui n'échappera pas au chat et au chasseur...
A côté de son visage, sur l'herbe grasse, entre deux touffes de mousses, tout juste dans la lumière d'un rayon solaire qui a réussi à s'infiltrer parmis le feuillage dense des arbres, un bouton est sorti entre deux feuilles, juste au moment où son corps redevenait de chair... Le bouton a poussé et s'est ouvert en une jolie fleur, petit crocus qui tranche de sa couleur violette. Il a poussé si vite qu'à l'évidence il n'a rien de naturel...

Alors, un jour, un jour pas si lointain, soyez sûr qu'elle se réveillera.
Vous les saurez quand les fleurs fanées auront repris vie, que le froid se dissipera et les couleurs reviendront sur ces joues.
Une Niniel pleine de vie qui reviendra, pour vous, avant de se perdre le temps d'une nuit dans les bras d'un exilé...
Quant à la suite...